L’élargissement du champ de conscience
Jean-Marie nous propose à nous thérapeutes en présence, en situation d’inter corporalité avec nos patients, de partir de notre corps, de nos sensations et perceptions dans la situation. Partir du corps, c’est porter notre attention vers soi, vers notre état intérieur, vers notre énergie du moment en situation de thérapie. C’est ce qu’il nomme « le continuum de l’expérience ».
Passer de la fonction personnalité à la fonction ça, par l’abandon corporel, c’est quitter le niveau intellectuel et verbal (verbeux ?) Jean-Marie dit que nous sommes prisonniers des introjects psychanalytiques.
Adopter cette posture thérapeutique, c’est tenter de mettre en déséquilibre un système explicatif rationnel. Se placer en deçà des mots, c’est tenter de rejoindre nos patients dans leurs expériences du contact primaire avec leur environnement parental (maternel et paternel), dans un temps préverbal du développement. Jean-Marie parle de thérapie de réveil des mémoires corporelles, ouvrir d’autres espaces, ouverture des mémoires.
Il évoque ensuite le phénomène d’identification projective. L’autre dépose en nous le mauvais objet à notre insu (à nos insu). Dans le contexte de problématiques narcissiques, le patient projette sur moi, thérapeute, quelque chose de son histoire en terme de blessure, souffrance, violence, humiliation, disqualification, haine, rage, énergie de mort (ce qui revient là, dans le champ de la thérapie, c’est ce qui a fait blessure par les défenses, les résistances, la négativité) ; le patient a introjecté des choses difficiles de son expérience, des parties non métabolisées de son expérience, mélange d’introjections et de projections. En tant que thérapeute, hors de mon champ de conscience, je m’identifie à çà, sans le savoir. Je perçois alors fatigue, confusion, tension. Pour le thérapeute, il est nécessaire de trouver un moyen de dégagement ; Jean-Marie parle de l’Hygiène de vie du thérapeute, « se nettoyer », « décrocher », prendre de la distance.
Je deviens le contenant, qui peut accueillir la souffrance (sous toutes ses formes) de l’autre. Sans doute est-il nécessaire, dans ces situations, de ne pas trop parler, de laisser de la place au processus intérieur d’élaboration du patient ; c’est le temps nécessaire à un apaisement émotionnel. L’intervention du thérapeute peut être, par exemple : « j’ai le sentiment qu’il y a beaucoup de détresse et de violence à l’intérieur de vous, est-ce qu’on peut en parler là maintenant. »Pour clore la soirée, Jean-Marie Delacroix évoque un stage qu’il animera fin octobre dans la région de Grenoble, et qui aura pour thème :
« L’inter corporalité dans le processus thérapeutique »
Hervé Gouasdoué, le 19 juin 2011